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Gabrielle Filteau-Chiba

Dans cette longue conversation, Julien Defraeye s’entretient avec l’autrice Gabrielle Filteau-Chiba au sujet de son roman Sauvagines (XYZ, 2019), deuxième volet d’une trilogie amorcée avec Encabanée et complétée par Bivouac. Au fil de l’entretien, l’écrivaine revient sur ses sources d’inspiration, les thèmes fondateurs de son œuvre et la manière dont la littérature peut devenir un vecteur d’engagement écologique, social et politique.

 

👉 Chasse, prédation et justice

Gabrielle Filteau-Chiba discute du rapport ambigu à la chasse et à la prédation. Qu’est-ce qu’un « bon chasseur » ? Comment conjuguer respect de l’animal et nécessité de survie ? L’autrice dénonce la brutalité de certains types de piégeage encore autorisés, qui infligent des souffrances prolongées aux animaux. Elle appelle à retrouver une humilité face au vivant et à repenser la viande non comme un simple produit de consommation, mais comme une énergie, presque un remède, que l’animal offre au prix de sa vie.

 

👉 Femmes, Autochtones et animaux : cibles de la prédation

L’entretien met en lumière des parallèles troublants entre la prédation animale et les violences faites aux femmes, en particulier aux femmes autochtones au Canada, parmi les plus exposées aux agressions et aux disparitions. Filteau-Chiba souligne comment l’animal rare ou exceptionnel – l’orignal au grand panache, le cerf albinos, le loup à la fourrure parfaite – est prisé comme trophée, tout comme certaines femmes sont réduites à des objets de conquête. Ce parallèle éclaire la violence systémique d’une culture où séduction et traque, désir et domination se confondent.

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👉 Critique de la surconsommation et appel à la décroissance

Sauvagines dénonce un rapport à la nature marqué par la gloutonnerie consumériste. Gabrielle Filteau-Chiba compare la forêt boréale à un buffet à volonté, pillée par les coupes à blanc et exploitée sans vision d’ensemble. Pour elle, la solution réside moins dans le minimalisme que dans la redécouverte des besoins essentiels, dans le retour au lien avec la nature, à la lecture, à des pratiques qui nourrissent sans détruire.

 

👉 Roman militant, mais pas anticapitaliste ?

Si l’autrice revendique l’engagement, elle refuse les étiquettes simplistes. Sauvagines n’appelle pas à détruire le capitalisme mais à le transformer, à rénover la maison plutôt qu’à la raser. Inspirée par les philosophies autochtones et la pensée de Serge Bouchard, elle plaide pour un capitalisme tempéré, non prédateur, où chaque décision prend en compte les générations futures.

 

🌿 Un entretien riche et inspirant

Cet échange explore les multiples dimensions de Sauvagines : critique de la prédation, réflexion sur l’écologie, dénonciation des violences systémiques, appel à la réconciliation avec les Premiers Peuples, réflexion sur l’engagement littéraire et politique. Gabrielle Filteau-Chiba y déploie une pensée nuancée, à la fois militante et poétique, ancrée dans la forêt québécoise mais ouverte sur des enjeux universels.

 

📚 Pour aller plus loin :

Encabanée (2018)

Sauvagines (2019)

Bivouac (2021)

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Transcription de l'entretien

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© 2025 Entre l'homme et la bête : éthique et esthétique dans le récit de chasse contemporain québécois (2000-présent)

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