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Olivier Lussier

Dans cette vidéo, Julien Defraeye rencontre Olivier Lussier chez lui, à Sherbrooke, pour parler de son livre Cariacou. Manuel de chasse à l’usage des poètes (Les éditions de ta mère, 2023). Un texte hybride et inclassable, à la croisée de l’autofiction, de la poésie, du récit d’initiation et du carnet de chasse. Le mot "cariacou", autre nom du cerf de Virginie, annonce déjà le cœur de l’ouvrage : la chasse comme expérience intime, culturelle et existentielle. Mais derrière ce manuel insolite, on retrouve une réflexion plus vaste sur la transmission, la masculinité, la langue et la mémoire.

 

✨ Au cœur de l’entretien :

  • Un manuel hétéroclite : anecdotes de chasse, poèmes, considérations éthiques, réflexions historiques, « trucs de chasse » et même recettes de cuisine. Loin d’un simple guide pratique, Cariacou devient un manuel de préparation psychologique à l’attente, à la solitude et au silence qui définissent la chasse à l’affût.

  • Autofiction et oralité : Lussier s’inspire de ses propres souvenirs, parfois romancés, pour inscrire la chasse dans une tradition orale qu’il est l’un des premiers de sa « gang » à coucher sur papier.

  • Langage et identité : il raconte comment la chasse a façonné son rapport au monde, jusque dans ses premiers mots d’enfant — non pas « maman » ou « lait », mais « ostie de gros buck ». La langue elle-même devient marquée par l’univers de la chasse et par l’influence des modèles masculins (père, grand-père, oncle).

  • Passage à l’âge adulte : la chasse apparaît comme rite initiatique, moment de bascule où l’enfant accède au monde adulte en abattant son premier chevreuil. Les souvenirs en sont flous, fragmentés, mais marqués par l’intensité des sensations — le sang chaud, l’odeur, l’adrénaline.

  • Transmission et mémoire : la chasse se transmet de père en fils, mais avec ses oublis, ses défaillances et ses contradictions. Certaines techniques se perdent, d’autres se réapprennent. Plus que les gestes, ce sont les émotions et les sensations qui perdurent.

  • Figures masculines et effet miroir : dans un souvenir marquant, le père rit à la fois de fierté et de gêne en voyant son fils reproduire sa passion avec la même intensité. La chasse devient alors un miroir de soi, où se révèlent autant l’héritage que les failles d’une certaine masculinité.

  • Masculinité et absence des femmes : Lussier évoque la place implicite et traditionnelle des rôles de genre : les hommes partaient chasser, les femmes restaient à la maison. Avec le recul, il interroge cette division et regrette parfois que sa sœur n’ait pas eu la possibilité de participer à ces sorties. Le livre devient alors une critique des stéréotypes de genre, une réflexion sur la masculinité toxique et sur les héritages invisibles.

  • La “vraie chasse” et la “misère” : son père et d’autres hommes affirmaient que la vraie chasse devait se mériter, se vivre dans la difficulté, sous la pluie, dans le froid. Lussier dénonce ce mythe rétrograde qui associe virilité et souffrance, montrant au contraire que la chasse peut être vécue autrement, hors de ce cadre de « misère ».

 

👤 À propos d’Olivier Lussier :

Écrivain et chasseur, Olivier Lussier explore dans Cariacou la rencontre entre l’expérience intime et l’écriture poétique. Par un style qui mêle anecdotes, réflexions et fragments littéraires, il propose une relecture originale de la chasse, non pas comme simple pratique sportive, mais comme lieu de mémoire, d’apprentissage et de remise en question.

 

📚 Pour aller plus loin :

Pour trouver l’beau (2014)

Cariacou. Manuel de chasse à l’usage des poètes (2023)

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Transcription de l'entretien

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© 2025 Entre l'homme et la bête : éthique et esthétique dans le récit de chasse contemporain québécois (2000-présent)

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