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Marc Séguin

Dans cette vidéo, Julien Defraeye s’entretient avec Marc Séguin, artiste interdisciplinaire et romancier, dans son atelier transformé en lieu de réflexion et de création. Bien connu pour son travail pictural et ses interventions publiques, Séguin revient ici sur deux de ses romans où la chasse, la survie et l’éthique animale sont au cœur de la narration : La foi du braconnier (2009) et Un homme et ses chiens (2022).

 

✨ Les thèmes au cœur de l’entretien :

  • La foi du braconnier : récit transgressif centré sur un narrateur rebelle, braconnier par choix et par opposition aux normes sociales. Rageur, il trace un immense « FUCK YOU » sur une carte de l’Amérique, qu’il décide ensuite de parcourir comme itinéraire de vie et de survie.

  • Rapport au territoire : l’Amérique est décrite comme un espace jeune, marqué par la conquête, la poudre à fusil et l’instinct de survie. Séguin insiste : quatre siècles d’histoire, c’est peu, et la société nord-américaine reste proche d’une logique de prédation et de défense du territoire.

  • Capitalisme et contradiction : le narrateur fustige le capitalisme tout en profitant de ses failles, en particulier via le marché noir du braconnage. Dans le roman, il vend la vésicule biliaire d’ours noirs, parfois jusqu’à vingt fois le prix de l’or, exploitant un commerce illégal tout en dénonçant l’envahissement de nos vies par le capitalisme. Séguin y voit une lucidité cynique, encore résonnante à l’ère du trumpisme : chacun tire pour soi, dans un monde où « au final, c’est le plus fort qui survit ».

  • Légalité et morale individuelle : pour le narrateur, les lois sont relatives, interprétées selon l’avantage qu’on peut en tirer. Le Far West demeure une métaphore centrale : chacun fait sa propre loi.

 

🐻 Souffrance animale et code d’honneur :

Malgré son rapport trouble à la légalité, le braconnier se dit soucieux de la souffrance animale : il souhaite tuer vite et proprement, afin que la bête « ne sache même pas qu’elle est morte ». Pour Séguin, cela relève d’un code d’honneur personnel, transmis dès l’enfance et indépendant de la loi. L’éthique ici n’est pas une règle écrite, mais une valeur incarnée : refuser la cruauté inutile, même dans un geste de prédation.

📖 Un homme et ses chiens (2022) :

Avec ce roman plus récent, l’approche se fait plus tranchée. Le protagoniste, guide de chasse sur l’île d’Anticosti, déclare ouvertement qu’il déteste voir les animaux souffrir. Là encore, Séguin nuance entre pratique de la chasse et réflexion éthique : Lui-même chasse encore, mais à l’arc plutôt qu’à l’arme à feu. Il insiste sur la transmission à ses enfants : respect des règles, patience, tir préparé, mise à mort rapide. La chasse devient ainsi un lieu d’apprentissage et de responsabilité.

 

🥩 Rapport personnel à la viande et à l’alimentation :

Séguin explique aussi sa démarche personnelle : Il préfère consommer la viande d’animaux qu’il a élevés ou chassés lui-même. La chasse est donc liée à un cycle alimentaire complet : de l’abattage à la transformation en viande, jusqu’au congélateur familial. Plus qu’un loisir, c’est un choix de cohérence : assumer la décision de manger de la viande en participant directement à ce cycle de vie et de mort.

 

📚 Pour aller plus loin :

La foi du braconnier (2009)

Un homme et ses chiens (2022)

L’œuvre picturale et cinématographique de Marc Séguin

Transcription de l'entretien

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© 2025 Entre l'homme et la bête : éthique et esthétique dans le récit de chasse contemporain québécois (2000-présent)

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